Journée mondiale de la santé: l'engagement de l'OCPH Caritas Guinée pour des soins équitables aux personnes en situation de mobilité

07 April 2025



Actualités
OCPH - Caritas Guinée


Chaque année, le 7 avril, la communauté internationale se mobilise pour célébrer la Journée mondiale de la santé, illustrant ainsi l'importance cruciale d'assurer un accès équitable aux soins pour tous. À cette occasion, le Réseau Afrique-Europe pour la Mobilité Humaine (RAEMH) publie un article qui met en lumière les défis sanitaires auxquels font face les personnes en situation de mobilité, en particulier celles en retour. En Guinée, cette journée revêt une signification particulière, incitant diverses organisations à sensibiliser les décideurs à la nécessité de promouvoir des politiques de santé inclusives. Parmi elles, l’OCPH Caritas Guinée, membre du RAEMH, partage son expérience en matière de gestion du retour des populations en mobilité, soulignant l'importance d'un accès universel aux soins et les défis persistants rencontrés par ces personnes en mobilité.


Des conditions de retour souvent éprouvantes

Parmi les personnes de retour en Guinée, nombreuses sont celles qui reviennent dans un état de santé précaire, du fait des conditions de vie difficiles le long du parcours migratoire,de l'exposition aux violences ou, quand il s'agit de maladies chroniques, quand le traitement a été laissé en suspens. L’absence de couverture médicale, la stigmatisation sociale ou encore les difficultés économiques ont aggravé leur situation. À ces fragilités physiques s’ajoutent des souffrances mentales profondes : stress post-traumatique, anxiété, ou dépression, qui nécessitent un accompagnement spécifique.


Une réponse adaptée aux réalités du terrain

Face à ces défis, l’OCPH Caritas Guinée, en partenariat avec Caritas International Belgique et le Programme Néerlandais pour les Réfugiés, a mis en place un programme d’accompagnement sur mesure qui comprend :

- Le suivi médical gratuit ou à coût réduit, pour garantir l’accès aux soins de base et à des traitements spécialisés si nécessaire.

- Le soutien psychologique et social pour aider à surmonter les traumatismes et retrouver une stabilité émotionnelle.

- Accompagnement vers l’insertion socio-professionnelle pour favoriser l’autonomie des bénéficiaires.

- Plaidoyer auprès des autorités institutionnelles et politiques pour une meilleure inclusion des personnes migrantes dans les politiques publiques.

L’approche de l’OCPH Caritas Guinée est différenciée selon la gravité des situations médicales :

"Pour les cas non complexes", les bénéficiaires sont orientés vers des hôpitaux ou cliniques partenaires. L’organisation les assiste dans l’achat des médicaments, prend en charge les frais médicaux sur présentation des factures, et assure un suivi ponctuel.

"Quant aux cas graves" , un dispositif plus structuré est activé avant même le retour du patient. À la demande de Caritas International Belgique, une enquête médicale est menée pour évaluer la disponibilité locale des traitements et identifier les structures capables d’assurer une prise en charge adéquate. L’équipe coordonne aussi l’accueil avec un membre de la famille afin de garantir une transition sans heurts.

Avec l’OCPH Caritas Guinée, la gestion des personnes de retour malades suit un parcours structuré en plusieurs étapes qui va de l’accueil à l’accompagnement en passant par le diagnostic et le suivi.


La complexité des retours accompagnés : l'exemple d'un suivi médical

Un exemple récent met en lumière la complexité de ces accompagnements :  six personnes rapatriées de Belgique ont été prises en charge par l’OCPH Caritas Guinée. Parmi elles, une femme de 72 ans, rapatriée en novembre 2023 dans le cadre du programme Assistance Médicale Adaptée Après Retour ( AMAAR) de l’Agence Fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil), a bénéficié d’un accompagnement sanitaire soutenu de la part de l’OCPH.

Compte tenu de son état de santé fragile, elle a reçu un suivi médical rigoureux, incluant un approvisionnement régulier en médicaments, des séances de soins à domicile, ainsi qu’une attention particulière à son régime alimentaire.

Malgré les efforts déployés, son état s’est détérioré en août 2024 et elle est décédée peu après. L’OCPH Caritas Guinée a soutenu sa famille tout au long de cette période difficile. L’OCPH Caritas Guinée a accompagné sa famille tout au long de cette épreuve.


Défis persistants et perspectives d'amélioration

Malgré les efforts de l’OCPH Caritas Guinée, plusieurs obstacles majeurs persistent:

- Le manque de ressources financières et logistiques limite la portée et la régularité des interventions, ce qui impacte directement la qualité des soins.

- De plus, l’absence d’un cadre de coordination structuré entre les acteurs de la santé et de la migration freine l’efficacité des solutions.

- La stigmatisation sociale demeure un frein important à la réintégration des retournés, qui sont souvent perçus comme des échecs migratoires. Ce jugement social entrave leur accès aux services de santé et leur réinsertion.

Enfin, le déficit de structures de santé spécialisées complique la prise en charge de pathologies spécifiques, notamment les troubles psychiatriques et les maladies chroniques aggravées par la précarité.


Vers des solutions concrètes

Pour améliorer l’assistance sanitaire aux personnes migrantes de retour, plusieurs pistes doivent être explorées :

- Renforcer les financements des programmes de réintégration pour pérenniser les actions et élargir leur couverture.

- Promouvoir une meilleure coordination entre les institutions publiques, les ONG et les organisations internationales pour mutualiser les efforts et optimiser les ressources.

- Mettre en place des dispositifs de couverture médicale accessibles pour assurer un suivi durable.

- Lancer des campagnes de sensibilisation pour déconstruire les préjugés et faciliter la réintégration sociale des personnes retournées.

En cette Journée mondiale de la santé, il est important de rappeler que la santé est un droit universel qui doit être garanti à tous, sans distinction ni exclusion.


Germaine KOIVOGUI,  

Réferente Communication,OCPH Caritas Guinée.