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Soutenir les personnes en situation de mobilité à Gao

11 octobre 2023

La Maison du Migrant de Gao, située aux portes du désert dans le nord du Mali, est un espace de soutien et de solidarité pour les personnes en situation de mobilité qui transitent par le désert en route ou de retour de Libye, d’Algérie, du Maroc…



Actualités
Caritas Mali


Créée en 2009 et rattachée à la Caritas du diocèse de Mopti, la Maison du Migrant est un lieu de répit crucial pour celles et ceux qui empruntent le chemin des migrations à travers le Sahel.

Nous rapportons ici les propos de Issac Pangoup, chargé de programme de la Maison du Migrant, qui nous relate le contexte actuel dans la zone.

 

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Dans cette région du pays, touchée par une insécurité grandissante ces dernières années, la vie pour les habitants est devenue de plus en plus difficile. Le coup d’Etat au Niger le 26 juillet dernier et les récentes attaques des groupes armés dans le Nord du Mali - notamment à Gao - ont renforcé ce contexte instable.

 

Vivre dans l’insécurité

Dans la ville de Gao, un couvre-feu d’1 mois a été décrété par les autorités régionales. Les routes de Gao-Bamako, Gao-Niger sont devenues le théâtre d’affrontements entre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et les groupes armés. La coupure des routes provoque un véritable encerclement de la ville de Gao, à quoi s’ajoute l’embargo décrété par la CEDEAO sur le Niger qui provoque une flambée des prix des denrées alimentaires et des biens de première nécessité*.

Les attaques se multiplient à l’encontre des civils et les FDS. Ainsi le bateau dénommé ‘’Tombouctou’’ a été bombardé par des groupes armés le 7 septembre 2023. La voie fluviale restait pourtant jusqu’à présent le moyen le plus approprié en cette période d’insécurité. A bord de l’embarcation se trouvaient des personnes suivies par la Maison du Migrant en partance pour Bamako dans le cadre de leur retour volontaire (qui ont heureusement survécu). On a déploré également ces dernières semaines l’attaque de Bourem, Bamba et du camp militaire 1 dans la ville de Gao proche du camp de la MINUSMA non loin de la Maison du Migrant.

 

La dangerosité de la route par le désert

Les risques liés au voyage vers le Maghreb par la route ont fortement augmenté. La mobilisation des autorités maliennes face à la menace des groupes armés a conduit à un renforcement de la sécurité des postes-frontières, venant compliquer la mobilité et augmentant la vulnérabilité des personnes autour des routes menant vers le Maghreb, et vice-versa. La Maison du Migrant témoigne également d’une recrudescence des agressions à l’encontre des personnes migrantes le long des routes du Sahara, ainsi que de nombreux actes de racket.

Le retour volontaire des personnes en situation de mobilité vers leurs pays d’origine, que la Maison du Migrant tente d’accompagner, est devenu encore plus difficile. D’une part, le passage des bus des compagnies de transport dans cette zone contrôlée par des groupes armés est désormais interdit. D’autre part, on constate une forte augmentation des coûts de transport, les agences se justifiant par le changement d’itinéraire qui découle de l’insécurité. Le voyage Gao-Bamako en bus qui durait 3 jours auparavant dure désormais plus d’une semaine.

Une autre situation liée à la crise politique nigérienne, est le refus d’accès au territoire nigérien aux ressortissants de certains pays dans le cadre du retour volontaire. Cela touche les Béninois, Camerounais, Nigérian Soudanais, Tchadien, (…).

 

La mobilisation de l’équipe de la Maison du Migrant.

Dans ce contexte, la Maison du Migrant de Gao fait face à l’arrivée massive de personnes en provenance des frontières Niger-Algérie, Mali-Algérie, Mali-Mauritanie. Elle reçoit 35 à 40 nouvelles personnes chaque jour, dont les besoins de prise en charge sont immenses (alimentation, santé, hygiène, vêtements, aide au retour, etc.).

En plus de ce soutien individuel, les agents de la maison du migrant de Gao organisent des espaces de discussion pour évoquer la dynamique actuelle. Les échanges portent sur la situation sécuritaire en général, la situation de Gao, le renforcement des contrôles au niveau des frontières et l'impossibilité des voyages vers Bamako par la voie habituelle. Les personnes partagent également leurs expériences et leurs difficultés dans la route au travers du Sahel. Des conseils pratiques et des orientations s’ont sont également donnés aux personnes qui persistent à vouloir poursuivre leur voyage.

 

Isaac Pangoup, chargé de programme de la Maison du Migrant, Octobre 2023.

 

* le marché de Gao est principalement ravitaillé par le Niger.

 

Vous pouvez également mieux connaitre la Maison du Migrant au travers du documentaire « Le dernier refuge, à la porte du Sahel » de Ousmane Zoromé Samassékou, accessible en ligne gratuitement. Notre article et l’accès au documentaire ici