À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Réseau Afrique-Europe pour la Mobilité Humaine (RAEMH) met en lumière les parcours inspirants des femmes mobilité entre l’Afrique et l’Europe. Ces femmes, confrontées à de nombreux défis, font preuve d’une résilience remarquable et contribuent activement au développement de leurs sociétés d’accueil et de leurs pays d’origine.
Lors d’un webinaire organisé par le RAEMH au mois de février dernier, Dre. Oumoul Khaïry COULIBALY , socio-anthropologue et experte en genre et études féministes au Sénégal, a apporté un éclairage nouveau sur ce sujet. À travers ses recherches sur les expériences et les pratiques des femmes sénégalaises migrantes en Europe, elle a pu mettre en évidence leur capacité à naviguer entre exil et retour, ainsi que la manière dont leur parcours est valorisé pour impulser des changements positifs.
1.La migration féminine : motivations et défis
Les femmes migrantes quittent leur pays pour diverses raisons : recherche d’opportunités économiques, d’éducation, besoin de sécurité ou lutte contre les discriminations. Toutefois, leur parcours est semé d’embûches : manque de reconnaissance des diplômes, accès aux ressources, précarité économique, les charges liées à la famille (enfants, etc), xénophobie et parfois violences basées sur le genre.
Dre. Oumoul Khaïry COULIBALY , à travers ses recherches et son engagement académique, analyse ces défis et met en lumière la manière dont les femmes migrantes parviennent à les surmonter. Son expertise permet de mieux comprendre les dynamiques de la migration féminine et d’identifier des solutions pour améliorer leur intégration et leur protection.
2. Facteurs influençant le retour des femmes migrantes
Les recherches de Dre. COULIBALY révèlent que plusieurs facteurs jouent un rôle déterminant dans la décision des femmes migrantes de retourner dans leur pays d’origine. Les motivations et les conditions du retour des femmes migrantes varient en fonction de leur profil et de leur parcours migratoire. On peut distinguer deux grandes catégories de migrantes : les femmes diplômées. Il s'agit de celles qui sont parties en migration pour poursuivre des études, puis qui rentrent après avoir obtenu leurs diplômes. La plupart d'entre elles acquièrent une première expérience professionnelle à l'étranger avant de revenir, souvent motivées par des opportunités professionnelles dans leur pays d'origine, le souhait de contribuer au développement local ou encore des considérations familiales. Et de l’autre, les femmes non qualifiés, parties en migration pour des raisons familiales et/ou le travail.
Ainsi, une femme avec de jeunes enfants peut être amenée à retourner dans son pays d’origine pour assurer une meilleure éducation et un enracinement culturel à sa descendance. De même, une femme dont le statut juridique est précaire dans le pays d’accueil peut voir son retour comme une alternative plus viable. Enfin, l’âge avancé ou le désir de réintégration dans la société d’origine peuvent également favoriser un retour.
Toutefois, les recherches de Dre. COULIBALY soulignent un aspect souvent négligé : le retour des femmes diplômées est encore peu étudié, aussi bien dans le domaine de la recherche que dans les politiques d’aide au retour. Lorsque ces cas sont étudiés, l’accent est généralement mis sur les facteurs de non-retour et les conséquences qu’elle subissent, telles que les discriminations professionnelles, la déqualification professionnelle ou encore les contraintes liées au statut matrimonial et aux dynamiques de genre. Ces éléments influencent leur maintien en migration et rendent plus difficiles leur insertion professionnelle dans leur domaine de compétences. Ce constat met en lumière la nécessité de développer des politiques plus adaptées pour accompagner ces femmes dans leur processus de retour et leur réintégration professionnelle.
3.La résilience et l'apport des femmes en mobilité :
Malgré les difficultés, ces femmes développent des stratégies d’adaptation et s’impliquent activement dans leurs sociétés d’accueil. Elles occupent des rôles clés dans divers domaines : entrepreneuriat, recherche, culture et engagement social. Leur contribution ne se limite pas aux pays d’accueil, car elles jouent également un rôle essentiel dans le développement de leurs pays d’origine à travers les transferts de compétences et le soutien économique à leurs familles.
L’exemple de Dre. Oumoul Khaïry COULIBALY illustre parfaitement cette dynamique. Son parcours migratoire et académique témoigne d’une capacité de résilience hors du commun et d’une volonté de transmettre son savoir pour aider à une meilleure compréhension des enjeux liés à la migration féminine.
4.Valoriser le retour des femmes en mobilité
La reconnaissance du rôle des femmes migrantes est essentielle pour promouvoir des politiques inclusives et équitables.
En valorisant leurs expériences et en leur offrant des opportunités de formation et d’insertion, nous contribuons à bâtir des sociétés plus inclusives et solidaires. La migration ne doit pas être perçue uniquement sous l’angle des défis, mais aussi comme une source d’opportunités et d’échanges enrichissants entre les cultures.
À travers cet article, le RAEMH souhaite rendre hommage aux femmes en mobilité et à leur courage, tout en encourageant un regard plus positif et constructif sur leurs parcours.
Que cette journée soit une invitation à célébrer et soutenir ces histoires de courage et de reconstruction !
Joel CELIA, , Chargé de communication du RAEMH